Photo 1 hommage à mon poète
photo 2 et 3, partie du document .
Le document qui suit m’a été confié par un des 6 enfants vivant de l’auteur du poème .
Il m’a dit: mes frères et soeurs ne savent qu’en faire , je sais que vous aimez les beaux écrits. je vous le confie.
Je l’ai mis dans les tiroirs sans savoir ce que j’en ferai. Je l’ai lu et relu souvent en pensant à ce cher Roland Durand que j’ai eu comme voisin durant plusieurs années . Il fait partie de la grande famille que je me suis constituée au Québec, Lui Roland sa femme Rita et tous leurs enfants qui sont toujours dans les parages . S’ils passent devant ma porte , ils viennent me voir comme s’ils venaient voir une vieille tante.
Je ne savais pas durant toutes ces années où nous nous sommes connus que Roland était un poète. Je l’ai connu comme capitaine de pompier, faisant du travail supplémentaire comme peintre , afin de subvenir au besoin de sa grande famille. Nos enfants étant du même âge que les miens il a fait souvent le transport vers l’école où les activités parascolaires . Nous avons vécu de longues années de bon voisinage et l’amitié se continue entre nos enfants comme des cousins et cousines qu’ils n’ont pas connus ici. .
Je rends ici hommage à ce cher Roland en publiant son poème charmant !
Blandine Meil
Le coin des aviateurs
( tiré de *La vie paroissiale de Mont-Joli 28 Août 1942)
Un aviateur a écrit pour lui-même ses aventures. Nous avons cru qu’il intéresserait nos lecteurs de lire des rimes d’un débutant! L’auteur s’appelle Roland Durand, grand caporal devant le Seigneur ! A l’aéroport , il fut longtemps chargé de diriger les employés civils, et c’est pourquoi il est bien connu. On se représente facilement son sourire gracieux, ses manières affables, son salut militaire élégant.
Originaire de Montréal, il se mit en frais samedi le 15 Août d’aller voir sa maman. Une piastre et cinquante dans son gousset, il lui fallait renoncer à prendre le train. Alors, il lui restait un moyen : Voyager * sur le pouce*.
Comme bien d’autres aviateurs et soldats, il trouvé que les automobilistes n’étaient pas tous charitables envers les militaires.
Alors il s’est mis à faire des vers au carrefour d’un chemin, confiant ses revers aux Dieux du Parnasse.
Voici donc sa première ponte.
Après les grandes cérémonies du samedi
Où tous se sont si bien divertis
Par un coup de tête tard le soir
Je me décidai de partir avec espoir
De gouter de l’aventure !
Trouverai-je une voiture ?
J’étais au coin d’une route
J’avais l’âme en déroute
Une, deux, trois, quatre, cinq, six,
Sept, huit, neuf autos dix !
Pas de chance, on passe tout droit !
Je reste planté, le pouce bien droit !
Égoïstes, bourgeois, pas fins, sans coeur !
Me disais-je, je croyais mourir de langueur.
Mais soudain, on s’arrête : on dit: Où allez-vous?
En souriant, je répondis : * N’importe où* !
Par un voyage aussi inquiétant
Je suis tombé sur du monde charmant !
Preuve: ils m’ont gardéà coucher.
Peut-on trouver plus grande bonté ?
Son nom ? M. Rioux garagiste de Trois-Pistoles,
Évidemment, il vient de bonne école !
Dimanche matin, messe à sept heures,
Ensuite, déjeuner aux pêches, ses meilleures !
Après, je regardai mon petit pouce et lui dit:
Es-tu fatigué pouce ? es-tu bon pour jusqu’à demain midi ?
Envoyons d’l’avant nos gens, envoyons d’l’avant !
Sur un coin de route: * Ô vous tous qui passez,
Larmoyai-je, regardez et voyez
S’il est un pouce au monde semblable au mien *
Nenni ! De beaux gros chars avec des places vides.
Des taxis, des demoiselles, jeunes et vieilles aux coeurs arides !
V’lan, on me passe presque sur le dos.
Tiens, une machine s’arrête et le chauffard me crie: Allo !
Sautez dans notre auto, on se rend à Québec.
Enfin ! Un sur cent qui n’a pas le coeur sec !
Ainsi, d’arrêt en arrêt, de soupirs en soupirs
Je me suis rendu à Montréal. Pas pire !
Quand je revis ma bonne maman
Elle s’écria : Mon p’tit gars ! Quel doux moment!
Excusez ma rimette, je ne suis pas poète
merci à vous tous, merci mon petit pouce !
Caporal Roland Durand
Aéroport de Mont-Joli
Blandine Meil 29 octobre 2017