Les Durand et les Danzé
En pique nique et en patins
Voici la famille du poète disparu , dont j'ai parlé dans mon dernier article.
Vous verrez donc le lien que j'ai gardé avec cette grande famille . dans cet article qui date de 2013.
Bonne lecture ou relecture !
En bleu ,mon amie Rita et ses filles, ma main sur son épaule, lors de l'un de mes anniversaires.
Qu'est-ce que réussir sa vie?
Amassez des biens, empiler de l'argent en banque?
Ça je n'ai pas su le faire, je ne l'ai pas appris, ce n'était pas dans ma mentalité.
D'un monde qui se suffisait à lui-même : Travailler, se nourrir, dormir et travailler, j'ai été projeté dans un monde: Travailler, dépenser, jeter, recommencer. J'ai suivi le mouvement dans le pays du Québec où l'on s' en allait vers la révolution tranquille des années soixante à soixante dix.
Heureusement qu'il y a eu les enfants. L'espoir de mes jours. Les joies de mon quotidien. Je me suis plu dans ce métier de mère de famille qui englobent tant de tâches. Les élever? Non! ce sont les animaux qu'on élèvent.
Suivre les enfants dans leur évolution tout en leur procurant le nécessaire.
Les habiller avec mes doigts de couturière.
Suivre leur cheminement dans leurs travaux scolaires.
Mettre entre leurs mains les meilleurs outils nécessaires.
Les conseiller en puisant dans ma propre évolution.
Les meilleurs conseils d'éducation ne sont point dans les livres, car chaque enfant nait avec son caractère propre, ses qualités et ses défauts. C'est donc dans le «cœur» d'une mère que nait la solution à chaque problème qu'elle rencontre. Un peu de cœur, un peu de jugeote! et beaucoup d'humour!
Nous voulions une maison pour les ébats de nos enfants. Nous fîmes l'acquisition d'un terrain à Montréal-nord en cinquante cinq. Pierre a jugé qu'il nous faudrait être sur place pour construire. Le vendeur du terrain avait un logement à louer tout près. Pierre y fit une visite et signa le bail. Les mots me manquent pour exprimer ma déception en voyant ce taudis dans un deuxième étage. Des petites pièces, des fenêtres orientées au nord...Dans ce temps là on chauffait à l'huile. La fournaise dans la cuisine gardait la chaleur qui ne se répandait pas dans les chambres, car il fallut transformer le salon en chambre pour les 3 filles. Les hivers sont longs au Québec...et le chômage y sévit dans les métiers de la construction.
Mais heureusement que dans toute situation précaire, le hasard apporte aussi des joies. Montréal-Nord en ces années avait encore allure de campagne. Nous n'étions pas loin de la Rivière des prairies, une ruelle y menait à quelques pas. En nous promenant nous y avons découvert une petite plage de sable. Oh bonheur, il y a cinq ans que je n'ai pas vu un grain de sable. Une barque abandonnée est là sur la rive. Les enfants s'amusent à y monter et à rêver de flots bleus. C'était le temps où les enfants s'inventaient des jeux. Nous y avons pique-niquer et Pierre y taquinait la« barbote»,une espèce de poisson barbu. Il n'était pas ragoûtant. J'en ai cuisiner une fois ou deux puis devant la moue des enfants , nous avons cesser d'en cuisiner. Le poisson de rivière est fade au goût et nous étions habitué au poisson de mer.
Nous avons été de bons poissons pour ce propriétaire qui avait ce logement à louer. Je me rappelle qu'il m'avait dit : « Il est tout à fait comme celui que vous habitez». Si nous avons rencontré de l'hypocrisie dans ce pays, nous y avons aussi rencontré du bon monde.
Sur notre rue et attenant à notre terrain, une famille vient d'aménager dans un bungalow nouvellement construit. Les enfants font connaissance. Ils sont quatre et nous en avons trois. Un jour je dis à Pierre: As-tu vu les enfants d'à côté comme ils sont bien habillé? leur mère ne se casse pas la tête à coudre comme je le fais! Plus tard je sus que la femme qui s'appelait Rita avait eu les mêmes paroles en voyant mes filles. Elle croyait que je les habillais dans des boutiques chics. Nous en avons bien ri. A partir de ce moment nous échangeâmes des patrons ou des trucs de coutures.
Il y avait le petit Gilles(aujourd'hui Grand-père) qui se promenait sur son tricycle. En le voyant Pierre lui criait « Allez vas-y Jean-Marie Goazmat! Pédale plus vite, tu vas gagner le Tour de France! ». Le petit Gilles ne sachant pas à qui Pierre faisait allusion ne se doutait pas à ce moment qu'il rencontrerait un jour le vrai Jean-Marie Goazmat! Car il est devenu coureur cycliste. Il A participéà des compétitions au Québec , en Italie , en Bretagne. Un jour, il demande à son coéquipier : Connaissez-vous Jean-Marie Goazmat ? Bien oui, lui a-t-on répondu : C'est mon père. Voulez-vous le rencontrer? Et c'est ainsi que Gilles lui a raconté qu'il avait comme voisin un vieux breton qui le taquinait on l'appelant par ce nom quand il était petit. Gilles et ses parents ont rendu visite à Annette, ma soeur à plogoff.
Nous avons déménagé plusieurs fois, mais nous sommes toujours resté au contact avec la famille Durand et aujourd'hui, nos enfants devenus parents et grands parents se fréquent toujours. Au mois de mars dernier j'ai été invitée au quatre vingt dixième anniversaire (90)de naissance de Rita.
Ses nombreux enfants et petits-enfants lui ont fait une belle fête.
Mais cet été c'est à ses funérailles que nous avons tous assisté. Une grande rencontre! Nos enfants étaient heureux de se retrouver. Pour mes enfants c'était la tante, les cousins et cousines qu'ils se sont faits ici.
Deux autres familles ont joué le même rôle. Ca a pris quelques années avant que mes filles puissent rencontrer leurs vrais cousins et cousines.
Pierre et moi, nous avons donc travailléà nous refaire un lieu de vie. Le choc du départ vers un autre continent, un autre monde nous avait ébranlé. Il a fallu nous reconstruire nous-mêmes en étant affrontéà d'autres habitudes de vie. Il nous a fallu reformuler notre rapport avec les individus ayant perdu le sens de ce qui était notre fondement avant . La sécurité du lieu, de la famille, de notre environnement.
Il nous a fallu faire le deuil de tout ce qui constituait notre vie d'avant et regarder vers l'avenir pour nos enfants. Car pour eux c'est ici au Québec qu'est leur lieu de vie. Nous avions beau leur parler d'une vie d'avant, c'était irréel, jusqu'à leur premier voyage outremer, où tous les mots entendus durant des années surtout à la lecture des lettres, faisait écho dans leurs mémoires.
Blandine Meil
Paroles de chanson de Claude Dubois
J´ai souvenir encore d´une rue d´un quartier
Qui me vit souffrir, grandir par les années
C´est dans un vieux taudis
Que dix ans de ma vie,
J´apprenais à mentir
Pourquoi vieillir?
J´ai souvenir encore d´une vieille maison
Que l´on se partageait chacun à sa façon
Un logement bien chauffé
On a si bien gelé
Les rats dans l´escalier
Prenaient leur déjeuner
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Nous n'y sommes pas restés dix ans ,mais quatre ans.
Et redéménagement encore...